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Pour le premier épisode officiel (l’Épisode I, mais sans midichloriens), nous avons décidé de parler d’un sujet rarement évoqué dans les règles de jeux de rôle : l’émotion.

Vous avez remarqué que dans les jeux de rôle les plus pratiqués, l’émotion, bien que considérée comme essentielle (on vous y annonce souvent qu’il faut susciter des émotions pendant la partie), n’est que rarement expliquée ? Presque tous les jeux de rôle comportent un chapitre entier consacré au combat, mais au mieux quelques petites astuces pour susciter l’émotion.

Est-ce que ça voudrait dire qu’on ne peut pas réduire l’émotion à des mécaniques de jeu ? Il y a peut-être un peu de ça, mais aussi une forme de pudeur, une limite qu’on a du mal à franchir à une table de jeu, fût-ce avec des joueuses très motivées dans un cadre particulièrement confortable.

Difficile d’exprimer autre chose que de la colère, par exemple (une émotion « facile », parce qu’elle s’accompagne d’actes violents qui, eux, sont bien représentés par le système de jeu).

Cela dit, des jeux récents mettent à l’honneur les émotions, en les associant aux liens qui unissent les personnages. D’Apocalypse World à Tales from the Loop (pour citer des jeux très répandus) en passant par un nombre toujours grandissant de jeux indépendants (allez chiner sur la plateforme itch.io, en particulier), les jeux les plus récents commencent à évoquer les émotions autrement qu’en vous disant qu’elles font « partie de l’ÂÂÂrt du conteur ».

Jouer les émotions, ce n’est pas si compliqué : tout comme il est inutile d’être un maître escrimeur pour décrire une belle scène de duel, pas besoin d’être diplômé de l’Académie française pour exprimer des émotions. Dans ce domaine, un petit détail donne généralement de grands résultats : exprimer les émotions, ce n’est pas déclamer de grands discours ni verser dans le mélodrame. La subtilité est de mise !

Comment faire ? Deux choses essentielles :

1 – savoir identifier des émotions complexes (et pour cela, la roue des émotions est un outil indispensable :

2 – Plutôt que d’énoncer l’émotion (« je suis déprimé »), l’exprimer telle qu’elle apparaîtrait chez le personnage (« mes épaules s’avachissent, et je vous regarde avec un visage dépourvu d’expression ») : non seulement cette méthode ajoute un élément d’atmosphère, mais elle donne quelque chose à faire aux autres joueuses. Elles peuvent décrypter elles-mêmes les signaux que vous décrivez, ou se renseigner auprès de votre personnage pour savoir ce qui se passe. Et finalement, elles peuvent réagir à cette émotion en exprimant les leurs.

Ceci n’est possible qu’à une table bienveillante et dont tous les participants et participantes sont disposés à jouer le jeu. La mise en place d’outils émotionnels est une étape importante si l’on souhaite vraiment exploiter cet aspect du jeu de façon confortable.

Jouer les émotions n’est pas indispensable, et on peut tout à fait s’en tenir à l’expression d’émotions élémentaires, mais ça vaut la peine d’essayer au moins pendant une partie de jouer avec cet aspect particulier de l’interprétation !